J'ai choisi d'écrire une série policière en auto-édition
#02 - Penser au mode de publication en amont fait partie de la stratégie marketing
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, j’ai une année pour me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
Le décompte est lancé.
Vous venez avec moi ?
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Pourquoi choisir un mode de publication avant même de commencer à écrire ?
“Comment est-ce que tu peux déjà penser au mode de publication alors que tu n’as pas terminé ton manuscrit et que tu ne sais même pas si tu vas le finir ?”
Je me remercie pour cette remarque pertinente, frappée au coin du bon sens.
Mais avant de décider d’un mode de publication, encore faut-il connaitre les différentes options qui s’offrent à nous.
Quelles sont les 3 options de publication ?
L’édition à compte d’éditeur
On ne paye rien - et on peut même avoir une avance
C’est la maison d’édition qui s’occupe du marketing (même si c’est de moins en moins vrai, il y aurait beaucoup à dire là-dessus)
On cède ses droits (il faut bien comprendre les contrats !)
On est payé une fois par an
Ah, être publié dans une grande maison d’édition, qui n’en rêve pas ?
L’édition à compte d’auteur
Il faut avancer une somme d’argent conséquente (pour l’impression des livres, et pour tout autre service supplémentaire proposé : correction, couverture personnalisée, distribution, etc.)
L’auteur conserve les droits de ses livres
On doit faire le marketing et la vente soi-même
Le résultat final est souvent moyen
Attention aux arnaques
Sauf pour le cas très particulier des gens qui veulent écrire leurs mémoires et offrir un livre physique à leurs proches, ceux qui sont des pros des salons physiques en tous genres, ou ceux qui ne maîtrisent pas du tout l’informatique, je ne vois pas dans quel autre cas on pourrait être intéressé par ce mode d’édition, qui, il faut le dire, n’a pas très bonne presse.
En anglais, les maisons d’édition à compte d’auteurs sont surnommées vanity publishers, parce qu’elles jouent de manière plus ou moins honnête avec l’égo des écrivains, notamment en leur faisant croire que leurs livres ont été sélectionnés par leur qualité (alors qu’ils les acceptent tous étant donné qu’ils vendent un service de publication).
L’ auto-édition
On s’occupe de tout soi-même (relecture, couverture, marketing, vente)
Par conséquent, le résultat final peut faire amateur
Amazon reste incontournable (ce qui peut être un frein pour certains)
Il faut bien lire les contrats quand on choisit une plateforme et un service (ex : l’abonnement Kindle garde l’exclusivité sur les livres en format numérique)
On a des rentrées d’argent régulières si on vend…
…mais on peut aussi dépenser beaucoup d’argent (il faut savoir gérer un budget)
C’est très chronophage
De plus en plus de gens se tournent vers l’auto-édition, et quand elle est de qualité, les lecteurs ne voient plus la différence avec les maisons d’édition. Cependant, ce n’est pas la panacée non plus, et elle comporte un certain nombre de challenges.
Dans tous les cas, pour les trois options, il est important de garder à l’esprit que :
Le résultat n’est pas garanti, même si on travaille beaucoup (on le sait, mais c’est bien de le rappeler)
La marge de l’auteur est faible (surtout sur les livres papier - cf. le prix du papier qui a explosé)
Maintenant qu’on a dit ça, entrons dans le vif du sujet.
Partie I : Un choix par défaut
1. Je n’ai pas le temps de tenter de décrocher un contrat en maison d’édition
Dans le post de la semaine dernière, j’explique que j’ai un an pour écrire une série policière.
Bien sûr, je ne joue pas ma vie ici, une catastrophe nucléaire ne va pas arriver si j’échoue, et c’est uniquement mon petit cœur qui sera blessé si je n’y arrive pas.
Je n’ai jamais rien publié et je ne connais absolument personne dans le monde de l’édition (ou de l’écriture en général) qui pourrait me donner un petit coup de pouce ou placer mon manuscrit en haut de la pile.
Je ne vais donc même pas essayer de soumettre un manuscrit pour un résultat plus qu’hypothétique (vous avez vu le nombre de manuscrits que les maisons d’édition reçoivent depuis que tout le monde s’est mis à écrire avec la crise du Covid ?) et je vais tenter de tout gérer moi-même.
Et si je me plante, au moins je le verrai vite.
Et soyons réalistes, si le premier tome ne se vend pas du tout en auto-édition, quelles auraient été les chances qu’une maison d’édition l’accepte ?
Donc pas de regret.
« L’échec est seulement l’opportunité de recommencer d’une façon plus intelligente. » Henry Ford
Restons positifs.
2. Je peux investir dans des services professionnels
Si vous vous rappelez des points négatifs de l’auto-édition que j’ai cités un peu plus haut, j’avais mis :
Le résultat final peut faire amateur
Sans maison d’édition, on risque d’avoir des soucis sur 3 points : la mise en page, les fautes de langue et les coquilles, et une couverture qui ne fait pas professionnelle.
Si je peux techniquement tout faire moi-même (la mise en page, la relecture, la couverture), je vais quand même faire appel à des professionnels sur certains points afin d’obtenir un livre d’une qualité similaire à ce que produit une maison d’édition, ou du moins qui s’en rapprochera le plus possible.
La mise en page
Je vais tenter de la faire moi-même, il y a plein de tutos sur Internet. Mais j’ai investi dans un logiciel payant pour la mise en page (Vellum). Je vous raconterai ce que ça donne quand j’en serai à ce stade.
La relecture
Il est préférable d’investir dans une relecture digne de ce nom, tout simplement parce qu’on ne voit pas ses propres erreurs. C’est un fait. Et même si j’ai été prof de lettres, donc en théorie, je maîtrise l’orthographe et la grammaire (et j’utilise un correcteur orthographique qui n’est pas gratuit), et bien je vais investir dans une relecture professionnelle, qui est un service payant.
La couverture
Même si je n’ai pas fait d’études de graphisme, je me débrouille suffisamment pour pouvoir faire une couverture moi-même, d’autant plus qu’encore une fois, il y a plein de formations et de tutos partout sur le Net. Mais comme je n’ai pas d’expérience, j’ai peur que ça fasse trop amateur. Je vais donc bricoler plusieurs versions, que je proposerai ensuite à un professionnel, de façon à ce qu’il cerne bien le projet. Quand on fait appel à un pro pour un projet créatif (illustrations, mais aussi site Web, brochures, etc.), il faut faire l’effort de faire un travail de préparation et de recherche en amont pour savoir ce qu’on veut. Sinon, vous allez tourner en rond avec le prestataire et personne ne sera satisfait du résultat (ça sent le vécu).
3. Je ne pars (presque) pas de zéro en marketing
Bien évidemment, si je n’y connaissais strictement rien en informatique ou en marketing, j’y réfléchirais à deux fois avant de me lancer dans l’auto-édition.
Je peux gérer la mise en page, la plateforme Kindle sur Amazon, les éventuelles publicités si je choisis d’en faire.
Par contre niveau communauté, là effectivement je pars de zéro : sous mon pseudo EY Tell, et tout est à faire (d’ailleurs, n’hésitez pas à venir me suivre sur Instagram et Threads).
Même si je sais qu’il ne faut pas trop compter sur les réseaux sociaux pour vendre des livres quand on sort un premier roman et qu’on n’est ni un footballeur ni une célébrité, c’est quand même bien de voir ce qui se passe et le type de contenu que sa cible aime (mais surtout, j’aime bien les belles photos et découvrir de nouvelles lectures).
Attention, le premier gros mot est lâché : la cible.
Partie II : Vérifier que son projet correspond à un marché
Nous allons maintenant voir si mon projet est théoriquement viable.
1. J’écris dans un genre populaire en format papier et numérique
Restons dans le marketing avec un sujet qui rebute de nombreux auteurs et artistes en général : l’étude de marché.
Certes, je n’ai encore publié aucun livre, et si j’arrive au bout du mien, je ne sais pas s’il va trouver ses lecteurs. Par contre, j’ai travaillé longtemps dans le marketing, et j’ai appris au moins une chose :
C’est plus facile de vendre un produit quand il correspond à un marché précis (et existant tant qu’à faire).
Le marché du roman policier
Là où j’ai de la chance si on peut dire, c’est que je veux écrire des romans policiers.
Et c’est un genre qui reste très populaire.
Le marché du livre numérique
En France, comparé aux pays anglo-saxons ou même à l’Allemagne, le marché du livre numérique est relativement modeste. Mais les chiffres progressent !
Le marché du livre numérique sur Amazon
Les lecteurs de livres numériques ne lisent pas forcément les mêmes choses que les lecteurs de livres papier. Déjà, tout ce qui est roman graphique ou BD, ce n’est quand même pas idéal sur une liseuse.
Quand on est auto-édité, on vend surtout des livres en format numérique. Et on passe souvent par Amazon.
Regardons donc ce qui se passe sur Amazon.
Je vais faire quelque chose que je ne fais jamais, c’est de donner une info sans sa source précise. Cela fait des années que j’entends cette statistique dans des podcasts (anglais et français), mais je n’arrive tout simplement pas à trouver une étude fiable sur Internet qui la confirme. Amazon ne communique pas sur ces chiffres, mais il existe peut-être d’autres études. Si quelqu’un l’a, ça m’intéresse !
Les genres les plus populaires chez Kindle seraient :
la romance
le roman policier
la science-fiction/fantasy
Comme on n’a pas de chiffres officiels, allons voir sur Amazon directement.
Pour avoir l’info en temps réel, il suffit de regarder dans les menus ebook Kindle et/ou abonnement Kindle, puis dans les meilleures ventes. On obtient ceci, ce qui semble confirmer les rumeurs :
Pour information, il semblerait que les stats sur Kobo France soient un peu différentes, avec une plus grande prédominance de la littérature blanche par rapport à Kindle).
Je m’arrête ici pour le moment, mais nous reviendrons sur les catégories plus en détail quand l’écriture du roman sera un peu plus avancée.
Spoiler alert : quand le marché est très vaste, comme celui du roman policier, cela pose aussi d’autres problèmes. Je pense que je vais les rencontrer assez vite…
2. Les lecteurs sur liseuses sont de grands lecteurs
Les lecteurs sur liseuse, et ceux sur Kindle en particulier avec l’abonnement Kindle, sont de gros lecteurs.
Je suis moi-même une lectrice vorace, et ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les séries policières. Sur mon blog, j’ai toute une série d’articles à ce sujet.
J’ai lu les 18 tomes de la série DCI Logan de J.D. Kirk en trois ou quatre mois (parallèlement à d’autres lectures).
Quelle joie de retrouver les personnages qu’on aime enquête après enquête !
Et surprise ! J.D. Kirk est un auteur auto-édité.
C’est en faisant ce simple constat que j’ai eu mon petit moment eurêka :
et si moi aussi j’écrivais une série 💡
Rendez-vous dans le futur pour voir si mon plan a marché !
Lu, vu, entendu
Chaque semaine, je vous fais un petit récapitulatif de ce qui m’a interpellée ou que j’ai trouvé intéressant. Je vous donne aussi ma liste de lecture, qui n’est pas uniquement composée de polars.
Podcasts
L’académie du frisson : mon top thriller/policier 2023
Le podcast parfait pour les écrivains de polars ! De bonnes idées de lecture dans le dernier épisode.
Le café des auteurs : Prendre l'habitude d'écrire en restant serein avec Safia Gourari
L’invitée est une spécialiste du podcast et de la communication sur les réseaux sociaux. Je n’ai aucune envie de faire un podcast, mais j’ai trouvé qu’elle avait des conseils très pertinents pour ceux qui veulent gérer leur marketing sur les réseaux.
Ne pas vouloir être partout (sinon épuisement garanti)
Choisir les plateformes où on se sent bien et où c’est facile pour nous de créer du contenu (clairement pour moi c’est l’écrit, je déteste la vidéo, donc adios TikTok, YouTube, et montrer ma tête dans des Reels)
Ne pas se croire dans une course effrénée et infinie avec les autres : attention à la pression qu’on se met soi-même
Avancer un pas à la fois
Sur le Web
Une écrivaine qui a remporté le prix littéraire japonais le plus prestigieux a utilisé ChatGPT
L’info qui a fait le tour du monde et qui n’a pas fini d’enflammer Threads. Il y aurait tellement à dire sur ce sujet que je me le garde pour une autre fois.
Pour faire suite à l’info précédente, Bernard Werber a testé ChatGPT, et il a eu des résultats étonnants. Et pour ceux qui ont peur du grand méchant IA, n’oublions pas que :
"La créativité vient de l’expérience, de l’observation et de l’imagination et si l’un de ces éléments manque, cela ne fonctionne pas".
Livres & Livres audio
Une belle découverte pour ce premier roman qui a des airs de conte écologique.
Un prix (Renaudot des lycéens) mérité pour cette enquête policière en contre-utopie dans le monde de la transparence radicale.
Les étudiants de mai 68 rencontrent les fanatiques religieux de l’Inde, un combo explosif chez l’un des maîtres du thriller français.
Et vous, que lisez-vous cette semaine ?
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la semaine prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂
Une super newsletter qui rationalise bien la base. Toutes ces réflexions je les ai eu avant de me lancer, ou presque toutes en tout cas.
Pour rebondir, c'est vrai qu'Amazon a l'air incontournable. Pour preuve, je n'ai pas choisi Amazon mais Book On Demand qui référence néanmoins quand même mon livre sur Amazon et mes lecteurices me trouvent donc aussi sur Amazon alors même que j'évite de mettre cette plateforme en avant pour des raisons éthiques.
Merci pour le podcast dédié au polar/thriller, je ne connaissais pas et ça m'intéresse fortement ! Je me suis abonnée direct.