Les conseils de 3 maîtres du polar français
#05 - Si tu écris des livres à suspense, Bernard Minier, Michel Bussi et Franck Thilliez sont là pour t'aider
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, j’ai une année pour me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
Le décompte est lancé.
Vous venez avec moi ?
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Quand les auteurs de bestsellers donnent des conseils d’écriture
La collection Secrets d’écriture dirigée par Le Robert regroupe les textes d’écrivains francophones à succès au travers de courts manuels pratiques. C’est très bien fait, il y a même des photos de manuscrits, des dessins et des souvenirs d’enfance.
Dans la première partie, chaque écrivain raconte son parcours, de l’anonymat à la reconnaissance du public. La deuxième partie est consacrée à l’élaboration d’un roman, de l'écriture à la publication. Un petit dictionnaire des mots préférés de chaque auteur conclut le tout.
Puisque j’écris un polar, je me suis procuré les exemplaires de trois auteurs incontournables du genre :
Pour chaque auteur, j’ai retenu plusieurs conseils qui font particulièrement écho à mes problématiques.
1. Territoires du mystère, Bernard Minier
Je suis une inconditionnelle des romans de Bernard Minier. J’ai lu tous ses romans (sauf un, M le bord de l’abîme) et Glacé fait partie de mes romans policiers favoris. Je ne pouvais pas passer à côté de ses secrets d’écriture.
Voici ce que j’en ai retenu :
La scène initiale doit être spectaculaire
Glacé commence avec la découverte d’une tête de cheval accrochée à une falaise. Bon, on ne va pas se mentir, ça va être compliqué de faire plus spectaculaire que ça.
Mais comme le dit l’auteur, on n’a souvent que quelques pages pour convaincre un lecteur (ou un éditeur). Autant lui en mettre plein la vue.
J’ai déjà ma scène initiale pour mon roman depuis un moment, mais en lisant cela, je me suis dit que je n’avais peut-être pas assez osé. J’ai donc rajouté un élément qui la rendra, je l’espère, un peu plus remarquable.
La phase de rédaction est intense et peut être difficile à vivre
Depuis que je consacre une bonne partie de mon temps à l’écriture, j’ai vraiment du mal à me concentrer sur autre chose. Et j’avoue que ça m’inquiète un peu. Avant (quand j’avais mon travail à plein temps), cela ne me posait pas de souci de faire plein de choses différentes en dehors des heures de bureau. Et depuis quelques mois, ça coince. Et bien sûr, ça me fait énormément culpabiliser, j’ai l’impression de laisser tomber plein de choses importantes pour un projet qui ne marchera peut-être jamais.
Quel est le rapport avec Bernard Minier vous allez me dire ?
Et bien pour ces phrases :
[…] ce n’est pas parce qu’on est auteur qu’on échappe aux aléas de l’existence […]. Il faut faire abstraction de tout ça si on veut donner le meilleur de soi-même, et sans doute nos proches se plaindront-ils par moment de nos “absences”, mais il est difficile de vivre à la fois dans l’univers de ses personnages et dans le monde réel. On ne peut tout simplement pas faire les deux à la fois.
C’est donc difficile pour tout le monde, même pour les meilleurs.
C’est rassurant (ou pas).
Il ne faut pas avoir peur d’utiliser “dit-il”
Dans un tout autre registre.
Dans les dialogues, personne ne voit le verbe dire, c’est devenu une sorte de ponctuation. Par contre, si on utilise à chaque fois un verbe plus fort (s’exclamer, hurler, grommeler dans sa barbe, gémir, etc.), l’effet est paradoxalement moins naturel, on alourdit l’ensemble et on rend la lecture moins fluide. On peut même se passer de tout verbe déclaratif si le dialogue est suffisamment caractérisé et qu’on peut reconnaître les personnages facilement (dans l’idéal, c’est ce qu’on cherche à faire).
2. La fabrique du suspense, Michel Bussi
Je connais beaucoup moins les romans de Michel Bussi (je n’ai lu qu’Au soleil redouté), mais je sais qu’il est connu pour son art de la chute, le twist final. Étant donné qu’il est difficile de concevoir un bon polar sans rebondissement à la fin, autant apprendre des spécialistes.
L’art du twist final
Michel Bussi ne se considère pas comme un auteur de romans policiers, mais comme un auteur de romans à suspense. Ses intrigues ne se construisent pas autour d’enquêtes policières, et même si les forces de l’ordre peuvent apparaître dans ses romans, elles ne font en général pas partie des personnages principaux.
Toute la mécanique du roman repose sur une fin étonnante et inattendue, le twist. Et la difficulté du travail de l’écrivain sera de semer des indices tout au long de la lecture, sans en dévoiler trop ni trop peu. Rien de pire qu’une résolution qui tombe du ciel (le fameux deus ex machina) du style “et il se réveilla, tout cela n’était qu’un rêve”, qu’il faut éviter à tout prix.
Le suspense se construit avec des chapitres courts
Ces dernières années, et même dans les romans policiers, la tendance est au chapitre court. Et pour l’auteur, il est plus facile de faire monter le suspense avec des chapitres brefs. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut multiplier les cliffhangers (autrement dit, pas de cliffhanger à la fin de chaque chapitre), il suffit de découper le texte autrement, ce qui est plus facile quand on adopte une narration multiple.
On n’est pas obligé d’avoir en tête des personnages ultras détaillés
C’est intéressant, parce qu’ici, Michel Bussi va à contre-courant de tout ce que j’ai pu lire ailleurs. Une fois encore, cela prouve qu’il n’y a pas de recette pour écrire un bon roman. Personnellement, je préfère tout savoir ou presque de la vie de mes personnages avant de les faire se rencontrer.
3. Le plaisir de la peur, Franck Thilliez
Pour une raison obscure, je connais assez peu les romans de Franck Thilliez. Je pense que je l’ai longtemps confondu avec Maxime Chattam (dieu sait pourquoi), qui est un peu trop dans l’horreur pour moi. J’aime le polar, mais il ne faut pas que ce soit trop gore, trop souvent. Mais il faudrait que je rafraichisse ma mémoire pour en avoir le cœur net parce que je me fais peut-être des films.
La période “éponge” peut prendre du temps, mais c’est souvent nécessaire
Avant de se mettre à écrire, il peut y avoir une phase plus ou moins longue pendant laquelle on laisse notre cerveau faire des connexions tout seul. De mon côté, cette phase est plus longue que courte, a priori, c’est normal, mais il faudrait que je m’active un peu quand même.
Remplacer les scènes de “remplissage” par une ligne de dialogue percutant
Ce conseil m’a sorti d’une très mauvaise scène dans mon roman.
Comme tout le monde, je dois faire voyager mes personnages d’un endroit à l’autre pour leur enquête, et ils doivent rencontrer un certain nombre de spécialistes pour avoir des réponses à leurs questions. Donc, à un moment, mes personnages rencontrent un bijoutier spécialiste en histoire de l’art, et à un autre, une archéologue. Mais comme il ne s’agit nullement de personnages récurrents, on se fout un peu de leur vie.
Je vais donc me tatouer la phrase suivante sur le corps :
Prenez également certaines de vos scènes “par le ventre”, c’est-à-dire que vous attaquerez votre chapitre au cœur d’un dialogue ou d’un mouvement, évitant ainsi toutes les banalités qu’il aurait fallu mettre en place pour arriver à cet instant précis.
Garder le rythme sans s’essouffler
Un thriller a par définition un rythme effréné. Mais il ne faut pas négliger les phases de pauses, où le lecteur doit aussi pouvoir reprendre son souffle. On ne veut pas l’épuiser avant la fin !
Manier l’ironie dramatique avec soin
L’ironie dramatique, c’est quand le lecteur sait quelque chose qu’un personnage ne sait pas, et qu’on le voit s’élancer gaiement vers le désastre en se disant “mon Dieu, mais c’est pas possible il va pas faire ça ?”
C’est un outil dramatique très puissant, mais qu’il faut savoir manier avec précaution si on ne veut pas qu’il perde de sa force. Et comme je n’avais pas encore utilisé ce procédé dans mon livre, je me suis empressée de le rajouter !
Je m’arrête ici pour aujourd’hui, mais j’aurais pu en rajouter des dizaines d’autres.
Bref, je vous conseille de lire ces trois petits guides, d’autant plus que les parcours respectifs de ces trois écrivains sont très intéressants. Chacun a eu une carrière professionnelle avant de devenir des auteurs de bestsellers (force à nous, les plus de 30 40 ans qui n’ont jamais rien publié !).
Lu, vu, entendu
Chaque semaine, je vous fais un petit récapitulatif de ce qui m’a interpellée ou que j’ai trouvé intéressant. Je vous donne aussi ma liste de lecture, qui n’est pas uniquement composée de polars.
Podcasts
Le café des auteurs 3.16 Se concentrer sur son roman malgré le manque de temps
Le syndrome de Peter Pan des écrivains, un mal que je connais bien.
On parle ici de tous ceux qui commencent un roman et ne le finissent jamais. Ça tombe bien, j’ai au moins quatre débuts de romans dans mes tiroirs, et j’ai des envies de roman historique qui ressurgissent tous les deux jours.
Comment mettre toutes les chances de notre côté pour terminer notre projet en cours ? Ingrid nous propose quelques solutions :
Essayer de s’immerger dans son univers (personnellement, j’aime bien trouver des photos en rapport avec mon roman sur Pinterest ou faire des montages sur Canva)
Être plus régulier dans l’écriture
Intégrer une communauté d’auteurs
Les mots raturés S8 E21 : J’ai testé Scrivener : est-ce que ça vaut le coup ?
J’utilise Scrivener depuis quelques années et je trouve que c’est un traitement de texte très adapté aux écrivains “bordéliques” comme moi, qui ne font rien dans l’ordre et qui aiment bien avoir une trame visuelle de leur travail.
Mais comme j’ai toujours l’impression de ne pas utiliser tout le potentiel de ce logiciel, et comme j’ai la flemme de regarder les tutos, je me suis dit qu’un épisode de podcast serait parfait pour en apprendre un peu plus.
Les points positifs de Scrivener et que je considère comme indispensables :
Un calculateur de mots/signes performant et qu’on peut paramétrer comme on veut (on peut même se programmer des objectifs par session d’écriture, faire des décomptes, voir le nombre de mots par chapitre…).
Une interface hyper visuelle et entièrement personnalisable.
Une licence perpétuelle (à 79 €) et non un abonnement annuel.
On peut rajouter plein de notes, des images, des pièces jointes (qui ne sont pas prises en compte par le calculateur de mots).
Compatible avec Antidote (juste une précision si vous écoutez ce podcast : oui, Antidote marche avec Scrivener ! Il faut passer par l’intégrateur Connectix d’Antidote pour l’activer, n’hésitez pas à aller voir ces fameux tutos que je ne regarde pas).
Cet épisode de podcast m’a appris que je pouvais aussi :
Sauvegarder mes fichiers sur un cloud pour y accéder à partir d’autres appareils.
Faire des sauvegardes à chaque version du manuscrit, afin de pouvoir revenir en arrière si besoin (mais pourquoi n’y avais-je jamais pensé ??).
Vous trouverez toutes les infos sur Scrivener sur leur site (malheureusement, tout est en anglais).
Réseaux sociaux
Le challenge des Louves du polar débarque sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de mettre en avant les autrices de polars francophones, tout au long du mois de mars. Pour cela, on choisit un ou plusieurs livres à lire, et on partage nos lectures afin de leur donner un maximum de visibilité. On peut joindre un groupe de lecture (toutes les informations sont ici), c’est très sympa !
Ce que je préfère, c’est la phase de recherche, et découvrir des romans qui donnent envie de les lire.
Je vous dévoile ma sélection la semaine prochaine !
Livres & Livres audio
En plus des livres de Michel Bussi et Franck Thilliez cités aujourd’hui, ces derniers jours j’ai lu/écouté :
Ils sont chez nous, Lisa Jewell (audio)
J’ai commencé ce livre avant Noël il me semble, et je l’avais rapidement abandonné pour d’autres romans recommandés sur les réseaux. Et puis je me suis dit que j’allais lui donner une seconde chance. Finalement, j’ai trouvé la seconde partie de l’histoire bien meilleure que la première, et je l’ai terminé en quelques jours.
Et j’ai donc commencé la suite (le premier peut se lire seul, mais je ne recommande pas de commencer par le deuxième) et on se laisse prendre par l’histoire, même si je ne vais pas garder un souvenir impérissable de cette lecture.
L’homme qui pleure, Val Bianco (ebook)
Il se trouve que depuis le mois de décembre, je m’intéresse de plus près au genre de la nouvelle, et je lis pas mal de choses à ce sujet (ce sera d’ailleurs le sujet d’une future newsletter, mais pas tout de suite). Je regardais par pur hasard 🤫 les lauréats du concours de nouvelles des Quais du Polar et je me suis procurée “pour mes recherches” la nouvelle L’homme qui pleure, de Val Bianco, lauréate 2021.
Et ben, j’ai encore du boulot si je veux présenter quelque chose de correct j’ai envie de dire. Cette nouvelle est excellente à tous points de vue, bravo à l’autrice pour son prix, c’est plus que mérité !
Et sinon, je continue toujours ma lecture en cours, La Louisiane de Julia Malye (550 pages en format broché, ça prend du temps).
Bon vendredi !
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la semaine prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂