ChatGPT, un assistant qui n'écrit pas à ma place
#11 - Comment j’utilise l’IA générative dans mon processus d’écriture
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, j’ai une année pour me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
Le décompte est lancé.
Vous venez avec moi ?
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Merci à vous, qui suivez mes aventures chaque semaine 🙂 et bonjour aux nouveaux venus !
Aujourd’hui, on va rentrer dans les polémiques 😈 (ça c’est pour inciter à lire la suite, mais vous allez voir, ce n’est si clivant que ça).
L’IA générative, un outil qui gagne du terrain
En écoutant plusieurs podcasts la semaine dernière, en particulier ceux de Joanna Penn et de James Blatch, deux informations m’ont particulièrement interpellée.
Amazon restreint depuis septembre la publication des livres sur leur plateforme à “seulement” 3 par jour.
Qu’est-ce que ça veut dire ? De nombreuses personnes publiaient des dizaines, voire des centaines de livres tous les jours sur Kindle. Une telle performance ne signifie qu’une chose : il s’agit de livres entièrement générés par IA. Désormais, on est bridé à 3 ouvrages par jour, ce qui nous laisse quand même pas mal de marge…
Le jury du prix Pulitzer pour les journalistes demande aux auteurs de préciser s’ils ont utilisé l’IA. Et c’est le cas pour environ 5% des textes présentés. D’autres prix littéraires songent à faire de même.
Si on en doutait encore, l’intelligence artificielle commence à être bien intégrée dans le monde de l’écriture, et certains ont même pris pas mal d’avance.
Mais si on est tous d’accord pour ne pas utiliser l’IA n’importe comment, il n’empêche que c’est un outil qui est à notre disposition, tout comme le traitement de texte, le correcteur orthographique, Google, et d’autres.
Définition : qu’est-ce que l’IA générative
Mais avant de parler de la manière dont on peut s’en servir, il faut quand même définir une bonne fois pour toutes certains termes, qui sont parfois confondus.
L’IA, c’est vaste
Spoiler alert : on utilise l’IA tous les jours depuis un bon moment.
Quand on parle d’IA, il faut faire attention à ne pas tout mélanger. Depuis la sortie de ChatGPT, tout le monde utilise le terme IA pour faire référence à l’IA dite générative, celle qui est utilisée par tous les nouveaux chatbots comme ChatGPT, Claude, Gemini, Copilot, etc.
Sauf que l’IA générative est un type d’IA particulier. Et on n’a pas attendu tous ces services de chat pour utiliser l’intelligence artificielle.
En effet, l’IA est intégrée à des outils et services depuis de nombreuses années déjà, notamment dans :
Les correcteurs orthographiques (Antidote, outils intégrés à Microsoft Office et Google Docs).
Les outils de traduction (DeepL).
Les moteurs de recherche (Google, Bing, etc.).
Les outils d’illustration style Photoshop et Canva.
Les marketplaces et boutiques en ligne comme Amazon.
Les chatbots sur n’importe quel site.
Absolument tous les réseaux sociaux.
Tellement d’autres domaines qu’il est impossible de tous les lister.
L’IA est partout, qu’on soit pour ou contre n’y change rien, c’est la réalité.
Mais de quoi est-ce qu’on parle exactement ?
Les définitions de l’IA
Intelligence Artificielle
L'intelligence artificielle est simplement la capacité d'une machine à exécuter les fonctions cognitives que nous associons habituellement à l'esprit humain.
Là où on peut débattre, c’est dans la définition de “fonction cognitive”. À partir de quel moment on passe de la simple automatisation de tâches à l’intelligence artificielle ? Vous avez 4h.
Machine Learning
L'apprentissage automatique ou machine learning est un type d'intelligence artificielle. Grâce à l'apprentissage automatique, on développe l'intelligence artificielle par le biais de modèles qui peuvent “apprendre” à partir de modèles de données sans l'aide de l'homme.
Deep Learning
L'apprentissage profond ou deep learning est un sous-ensemble de l'apprentissage automatique qui utilise des réseaux neuronaux multicouches, appelés réseaux neuronaux profonds, pour simuler le pouvoir de décision complexe du cerveau humain. L'apprentissage profond est à l'origine de la plupart des systèmes d'intelligence artificielle (IA) que nous connaissons aujourd'hui.
IA générative
L'intelligence artificielle générative (IA) décrit des algorithmes (tels que ChatGPT) qui peuvent être utilisés pour créer (générer) du contenu nouveau, et sous toutes ses formes : audio, code, images, texte, simulations, vidéos.
Les outils d’IA générative les plus connus
Disclaimer #1
Je ne suis pas une spécialiste de l’IA, je vous parle juste de ce que je connais, et bien sûr que cette newsletter n’est pas une revue complète du sujet. Et en plus, je peux me tromper, tout évolue tellement vite.
Parmi les différents outils pour la génération de texte et d’image (on ne va pas parler de la vidéo comme on l’utilise quand même assez peu quand on est auteur, mais si c’est un sujet qui vous intéresse, allez regarder du côté de Sora, toujours chez OpenAI), on a :
Texte
ChatGPT 3.5 gratuit via chat.openai.com.
ChatGPT 4 payant via OpenAI, Poe, You. Une version basée sur ChatGPT 4 est disponible via Copilot (ex Bing Chat) sur le moteur de recherche Bing.
Claude (Anthropic) n’est disponible en France que via les agrégateurs de modèles comme Poe et You. La version 3 est apparemment incroyable.
Image
Dall-E 3 gratuit via Copilot sur Bing, sinon c’est payant via chat.openai.com.
Midjourney : c’est souvent assez difficile de faire quelque chose avec la version gratuite, qui est saturée quasiment tout le temps. On l’utilise sur Discord.
Adobe Firefly : cet outil a le gros avantage de ne travailler qu’avec des images qui appartiennent à Adobe, donc en théorie, pas de souci de copyright. Je ne l’ai testé que quelques fois et les résultats sont très en dessous de Dall-E et Midjourney.
Il existe plein d’autres outils, et certains sont entraînés avec uniquement des images qui leur appartiennent (Getty images).
Entre l’évolution des technologies et de la loi, on devrait avoir des outils performants et plus éthiques assez rapidement. Après, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que de nombreux artistes utilisent aussi des outils d’IA pour faire leurs illustrations, hein, surtout s’ils ont Photoshop.
Ce pour quoi l’IA générative n’est pas faite
L’IA générative n’est ni Google, ni Wikipedia. Son but est de créer du contenu, pas de donner une réponse à une question hyper précise, d’autant plus si c’est un sujet très pointu. C’est toujours très pénible de voir les gens qui montrent toutes les erreurs de ChatGPT en disant que ce n’est pas encore au point. Ce n’est pas fait pour ça !! Donc on arrête de lui demander de quelle couleur étaient les chaussettes des soldats de l’armée prussienne en mars 1867, parce qu’elle n’en sait rien et elle va juste vous donner une réponse basée sur des probabilités, mais pas sur des faits.
Elle n’est pas là pour écrire avec style. Ce qu’elle peut faire, c’est imiter le style d’un auteur connu (et là c’est du plagiat) ou bien le vôtre si vous lui donnez suffisamment de texte (et encore faut-il en avoir). Si on ne lui demande rien, elle écrit dans un langage assez neutre et répétitif.
Elle ne peut pas vous aider pour cacher des cadavres. Il va donc encore falloir utiliser notre imagination pendant quelque temps.
Comment j’utilise l’IA générative
Disclaimer #2
Bien évidemment, chacun est libre d’utiliser l’IA ou non, et ma manière de faire n’est ni un conseil, et certainement pas la meilleure manière de faire, il s’agit juste d’un exemple parmi tant d’autres.
Un outil de brainstorming contre le syndrome de la page blanche
Pour le moment, j’utilise surtout ChatGPT 3.5 via le site d’OpenAI et la version 4 via Copilot dans Bing, et mes prompts sont uniquement en anglais, tout simplement parce que les outils d’IA générative actuels sont bien meilleurs en anglais qu’en français. Ça limite quand même pas mal le champ des possibles quand on parle une autre langue.
Je n’ai pour l’instant pas besoin d’une version plus performante, parce que j’utilise ChatGPT dans deux situations :
La phase de brainstorming
J’aime beaucoup les cartes mentales, et j’aime bien demander à ChatGPT de m’en faire sur tout et n’importe quoi.
Si je trouve une info intéressante, je vais bien sûr la vérifier (on a dit qu’on n’était pas sur Google ou Wikipédia - déjà que ce n’est pas forcément la panacée - il faut absolument vérifier toutes les sources qui proviennent des IA génératives).
Lutter contre le syndrome de la page blanche
Je suis malheureusement souvent sujette à ce problème, et comme je n’ai personne à qui parler de mon livre sur le moment quand ça m’arrive, ce qui m’aide le plus, c’est de balancer des idées à ChatGPT pour voir ce qu’il me répond.
Je peux lui demander de terminer une phrase, de faire le lien entre deux idées, ou de me donner 15 manières de se blesser pendant une tornade. Rien que le fait d’avoir des idées nouvelles à l’écran me permet de rebondir sur autre chose, et de fil en aiguille je trouve un moyen de raccrocher mes wagons. C’est étonnamment très efficace !
Quid des images ?
Personnellement, et d’après ce que j’ai vu jusqu’à présent (et je ne prétends pas avoir tout vu), je trouve que les images générées par l’IA pour une couverture de polar, ce n’est pas très beau. En plus, c’est limite au niveau des droits d’auteurs, la situation n’est actuellement toujours pas très claire d’un point de vue légal.
Par contre, je compte utiliser cet outil pour élaborer des maquettes pour la couverture de mon livre pour donner une idée de ce que je veux faire à un graphiste, qui ensuite utilisera ses propres ressources pour obtenir le résultat final.
L’avantage du roman policier, c’est que les couvertures sont quand même assez basiques comparées à celles de fantasy par exemple, donc il y a moyen de se débrouiller facilement sans IA (et, unpopular opinion, sans graphiste si on maîtrise un minimum quelques outils de base).
On peut aussi s’en servir pour les réseaux sociaux pour faire connaître l’univers de son roman, ça peut être assez amusant à faire et à partager.
Marketing et IA
De plus en plus, les outils d’IA générative sont directement intégrés dans les plateformes de publicité, donc pas besoin d’utiliser d’autres outils en amont. C’est d’ailleurs déjà le cas depuis un moment avec les pubs Google , Amazon et Meta, qui proposent un texte et un ciblage optimisé plus performants que les versions à paramétrer manuellement (cf. le dernier épisode de podcast de Joanna Penn ci-dessous dans la partie sur les podcasts).
Et c’est tant mieux parce que j’ai des souvenirs pas très agréables de devoir réécrire le même texte cinquante mille fois avec un nombre de caractères et de mots clés différents adaptés à chaque microcible quand je faisais de la pub sur Google, Facebook et LinkedIn pour mon travail.
Si vous voulez en savoir plus sur l’utilisation de l’IA générative pour les auteurs (ou non)
Pour m’informer sur le sujet, je suis :
Ma source numéro 1 pour l’utilisation de l’IA pour les auteurs. Indispensable.
Ethan Mollick est professeur associé à la Wharton School de l'université de Pennsylvanie, où il étudie et enseigne l'innovation, l’IA et l’entrepreneuriat. Ses newsletters vulgarisent suffisamment le sujet pour qu’on y comprenne quelque chose.
La dernière est très intéressante : I, Cyborg: Using Co-Intelligence
All the evidence we have is that the most advanced LLMs write better than most people, but worse than good writers.
Cela dit, ça va être de moins en moins vrai, notamment depuis la sortie de Claude 3.
Et j’utilise l’IA exactement de la même manière que lui :
I am only human, and in writing the book, I often found myself stuck. In previous books, that could mean a single sentence or paragraph would block hours of writing, as I used my frustration as an excuse to take a break and walk away until inspiration struck. With AI, that was no longer a problem (…).
The text it produced almost never appears in the book, but they helped guide me out of difficulty. And, interestingly, it was some of these paragraphs that my editor seemed to like best (…).
While I had excellent human readers and editors to help me, I didn’t want to bother them while working on early drafts. But I still wanted feedback. I created AI readers to help.
Traduction par DeepL (qui utilise l’IA) :
Je ne suis qu'un être humain et, en écrivant ce livre, je me suis souvent retrouvé bloqué. Dans les livres précédents, cela pouvait signifier qu'une seule phrase ou un seul paragraphe bloquait des heures d'écriture, car j'utilisais ma frustration comme excuse pour faire une pause et partir jusqu'à ce que l'inspiration vienne. Avec l'IA, ce n'était plus un problème (...).
Les textes qu'elle a produits n'apparaissent presque jamais dans le livre, mais ils m'ont aidé à sortir des difficultés. Et, fait intéressant, ce sont certains de ces paragraphes que mon éditeur semblait préférer (...).
Même si j'avais d'excellents lecteurs et éditeurs humains pour m'aider, je ne voulais pas les déranger lorsque je travaillais sur les premières versions. Mais je voulais quand même avoir un retour d'information. J'ai donc créé des lecteurs IA pour m'aider.
Un peu plus technique, mais on y trouve les informations en temps réel, et vu qu’il y a des nouveautés tous les jours, on à toutes les infos au même endroit, tous les jours.
Alors, et vous, est-ce que vous êtes prêts à utiliser l’IA ?
Lu, vu, entendu
Chaque semaine, je vous fais un petit récapitulatif de ce qui m’a interpellée ou que j’ai trouvé intéressant. Je vous donne aussi ma liste de lecture, qui n’est pas uniquement composée de polars.
Podcasts
Ahhh enfin quelqu’un a décidé de résumer ce livre génial dont je vous parle tout le temps. Merci à lui ! Quels sont donc ces conseils qui me servent de bible ?
La discipline (la base, bouh).
Importance de la construction des personnages : ils doivent avoir des défauts et des conflits (pas de conflit, pas d’histoire).
Importance du lieu : il est un personnage à part entière.
La gestion du temps narratif : jouer avec les différentes techniques pour ajouter du suspense (compte à rebours, flashforwards, etc.).
Utilisation des sens dans l’écriture : odeurs, sons, textures (cf. importance du lieu, pas de bonne évocation sans utilisation des sens).
Trouver sa propre voix, ne pas avoir peur d’être authentique.
Importance de la réécriture : ne pas hésiter à faire de gros changements, le premier jet n’est qu’un ébauche.
Pour être écrivain, il faut lire, et pas uniquement dans son genre.
Écrire d’abord pour soi : écrire ce qu’on voudrait lire.
Persévérer, la constance conduit au succès.
Et voici sa méthode en 15 points, celle qui marche pour elle (et pas forcément pour nous) :
Recherche des idées.
Travail de l’événement déclencheur.
Élaboration des personnages.
Travail de recherche.
Création des décors.
Structure du récit, des scènes, des moments pivots.
Création du synopsis : pour chaque chapitre, décrire ce qui va se passer.
Écriture du premier jet.
Relecture rapide.
Rédaction de l’argumentaire (tout ce qu’il faut modifier).
2e jet avec un gros travail de réécriture.
Bêta-lecture.
3e jet si nécessaire après la bêta-lecture.
Célébrer ! Parce que, quand même, c’est vraiment difficile d’écrire un roman.
On est pile dans notre sujet du jour ici. Ce que j’ai retenu :
Avec les outils d’IA de Meta, on obtient de bien meilleures performances, on peut faire des économies, on se facilite le boulot, et on gagne énormément de temps par rapport à la version manuelle (où on fait tout nous-mêmes). En gros, on entre 2-3 infos et c’est parti, la pub se fait toute seule.
Livres & livres audio
Petite semaine de lecture pour cause de vadrouille à droite et à gauche. C’est la dernière semaine du challenge des Louves du Polar, et il me reste Mör de Johana Gustawsson à terminer en audio (j’en ai parlé la semaine dernière), et Bestial à commencer.
Des disparitions en série selon le même modus operandi à plus de dix ans d'intervalle, et des enquêteurs qui galèrent, tous les ingrédients d’un bon polar.
Vous allez rigoler, mais il s’agit de mon premier Niko Tackian (un peu nul pour une fan de polars autoproclamée, mais mon excuse c’est que j’ai surtout lu en anglais ces dernières années 😅).
Des disparitions mystérieuses, des touches de fantastique et de mythologie bretonne, de la pluie (Bretagne et Écosse, même combat), bref tout ce que j’aime.
Je viens de commencer et effectivement, j’adore déjà !
Et vous, qu’est-ce que vous lisez cette semaine ?
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la semaine prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂
J'ai sauté la partie théorique sur ce qu'est une IA et une IA générative, je me suis beaucoup documentée sur le sujet il y a un an, quand ça a fait boom.
Ca m'a rappelé que c'était un des 3 sujets abordé dans ma toute première newsletter ici (https://amelieboulay.substack.com/p/saga-horrifique-coup-dur-chatgpt). On se rejoint sur la fonction de ChatGPT. Sauf que depuis j'ai appris des choses peu reluisantes sur la façon dont existait ChatGPT (les genres exploités pour trier les donner et créer l'énorme algorithme de probabilité qu'est ChatGPT).
uuuh je suis extrêmement critique vis-à-vis des IA génératives 🥲 j'entends bien que c'est un outil qui peut être chouette du moment qu'il est utilisé raisonnement et intelligemment, mais le problème c'est que le droit est trèèès en retard sur le sujet. quand on voit déjà le nombre de petits malins qui s'auto-proclament artistes après avoir rentré trois mots dans une générateur de texte ou d'image dont ils s'approprient le résultat... 🫠