Les galères d'écriture d'un premier roman
#10 - Je saute à pieds joints dans tous les pièges qui existent, même ceux dont je connais l'existence
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, j’ai une année pour me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
Le décompte est lancé.
Vous venez avec moi ?
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Merci à vous, qui suivez mes aventures chaque semaine 🙂 et à tous les nouveaux venus !
Aujourd’hui, on fête le 10e épisode de Profession écrivain 🎉

Pour rappel, voici de quoi nous avons parlé ces 10 dernières semaines :
#01 - J'ai un an pour écrire une série policière
#02 - J'ai choisi d'écrire une série policière en auto-édition
#03 - 7 livres pour apprendre à écrire un roman
#04 - Les 5 romans qui m’ont donné envie d’écrire
#05 - Les conseils de 3 maîtres du polar français
#06 - Mes tropes préférés dans le roman policier
#07 - Comment lire plus quand on n'a pas le temps ?
#08 - 15 podcasts en français et en anglais pour les auteurs
#09 - One-shot, tome compagnon, série, saga, quel format pour quel auteur ?
C’est donc l’occasion de faire un petit bilan sur la progression de mon projet. Et qui dit progression dit succession de problèmes en tous genres.
Parce qu’il parait que :
« Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme »
Winston Churchill
Le top 12 des pièges quand on écrit un livre
C’est parti pour la liste des galères !
Vous allez voir, elles vont souvent par deux.
Mais heureusement, la solution se trouve presque toujours dans la recherche d’un juste milieu (du moins pour les premières).
Gestion du temps
1. Penser qu’on a tout notre temps
Et ne pas se mettre d’objectifs. Autant dire de suite que le roman, il va passer après tout le reste. Après la vaisselle. Après le nettoyage de la voiture. Après le décapage des joints à la brosse à dents. Et donc on ne va jamais l’écrire.
2. Penser qu’on n’a pas le temps
Et se mettre des objectifs irréalistes. Autrement dit, le meilleur moyen de se programmer à l’échec.
Plan ou pas plan ?
3. Ne pas faire de plan
Et être bloquée au bout de 25 000 mots.
Le freestyle c’est bien et c’est même grisant d’écrire au fil de la plume, sans aucune contrainte ou structure prédéfinie. Alors oui, c’est vraiment bien même, sauf que c’est systématique, je cale entre 30 et 40 pages. Et impossible de redémarrer après ça, tout simplement parce que j’ai épuisé mon idée de départ et au final, je trouve qu’elle n’était pas si bien que ça.
Try again.
4. Faire un plan trop détaillé
Partons maintenant dans l’autre extrême, qui consiste à avoir un plan hyper détaillé, au chapitre et au nombre de pages près.
Sur le papier, ça a l’air bien. La preuve, plein de monde le fait.
Sauf que dans mon cas, ça a tué toute créativité et envie d’écrire en moi parce que j’avais l’impression de faire mes devoirs.
Exemple d’un plan qui m’a angoissé pendant des mois avant que je l’abandonne :
5. Suivre le plan d’un autre écrivain
C’est le risque numéro 1 quand on lit les livres où des écrivains nous donnent leur méthode. Forcément, on veut faire ce qui a marché pour eux.
J’ai déjà parlé plusieurs fois des livres de Creative Writing d’Elizabeth George, qui sont pour moi plus que précieux. Mais il faut bien que je me fasse une raison, en aucun cas je ne peux faire comme elle (et d’ailleurs elle-même ne le recommande pas, elle nous montre juste ce qui fonctionne pour elle), son processus est beaucoup trop long et complexe pour moi.
Ceci dit, j’ai quand même essayé…
Been there done that. Got the t-shirt.
En fait après ces expériences, je me suis rendu compte que pour l’instant, ce qui marche le mieux pour moi, c’est d’abord de bien connaître mes personnages, puis de les laisser faire un peu ce qu’ils veulent entre eux.
Et on change d’avis au milieu du livre
Vous savez quand vous vous posez la question au bout de plus de cent pages de rédigées, du style : et si je passais tout au présent et à la première personne du singulier ?
Et bien oui, ça aussi j’ai fait.
6. Changer de temps au milieu du manuscrit
“Finalement, le présent c’est pas mal pour un polar, ça donne du rythme.”
“Oui, mais non, tout le monde fait des récits au passé, un roman policier tout au présent, ça n’existe pas.”
“Ben justement, est-ce que ce ne serait pas l’occasion d’innover un peu ?”
“Bon d’accord, on modifie tous les verbes. Encore.”
💀
7. Changer de point de vue au milieu du manuscrit
“La première personne, c’est vraiment trop restrictif.”
“Oui, mais en fait, tout à la troisième personne, ça met trop de distance.”
“Ok, et si on écrivait juste certaines scènes, genre quand le tueur parle, à la première et tout le reste à la troisième personne ?”
“T’es sûre ? On est à presque cent pages là ?”

8. Vouloir changer d’intrigue toutes les semaines
C’est le truc qui me démange le plus.
Mais alors qu’est-ce que ça me démange.
Oh non, je l’ai encore fait il y a deux semaines.
Mais l’avantage quand on écrit une série, c’est que rien ne se perd, tout se recycle. Les bouts d’intrigues écartés maintenant peuvent faire leur retour plus tard (du moins c’est ce que j’espère).
Procrastination power
9. Tout lire, tout écouter, tout voir, tout apprendre
Les quatre cavaliers de l’Apocalypse de tous les auteurs qui n’ont pas confiance en eux, j’ai nommé :
Les cours : Creative Writing à la mode US, raconté ici.
Les webinaires et autres masterclasses : j’en ai vu tellement que je ne souviens pas de tous ! Mais on peut inclure The Artists Academy, Les Mots Raturés, les webinaires de Jupiter Phaeton à l’époque où ils étaient disponibles, ceux auxquels je me suis inscrite, mais que je n’ai pas eu le temps de regarder, et ceux que j’oublie.
Les livres théoriques : cf. la newsletter n°03 : 7 livres pour apprendre à écrire un roman
Les podcasts : cf. la newsletter n°08 : 15 podcasts en français et en anglais pour les auteurs
Quand je réfléchis à ce que j’ai écrit ces derniers mois, voire ces dernières années, je me rends compte d’une chose (voyons le côté positif, c’est déjà bien de s’en rendre compte) :
Ce n’est pas parce qu’on a lu des dizaines de livres théoriques, écouté des centaines d’épisodes de podcast, suivi des cours et des webinaires, qu’on va aller plus vite dans la rédaction.
Et je dirais même plus, c’est en réalité tout l’inverse.
Tant qu’on ne réalise pas que la procrastination active est une forme d’anxiété, on ne s’en sort pas. Alors après, c’est bien de savoir plein de trucs, mais clairement ce n’est pas ce qui va nous faire rédiger plus vite.
Relation avec les autres
10. Travailler sans rien dire à personne tout seul dans son coin
Puis ne plus rien écrire, parce que de toute façon, personne n’est au courant !
11. Passer son temps à construire sa communauté au lieu d’écrire
Hum, est-ce que ce n’est pas ce que je suis justement en train de faire là tout de suite maintenant ?
Non ?
Oui ?
Et pour la fin, je nous ai mis le pire piège à ours de toute personne qui écrit :
12. La comparaison avec les autres
Comparaison nécessairement négative, sinon c’est pas drôle.
Sauf que, personne n’en est au même stade dans son parcours d’auteur et donc forcément, les résultats ne peuvent pas être les mêmes.
On le sait tous, mais c’est quand même mieux quand on essaie d’y croire.
Et la chanson de la fin, c’est cadeau.
Que ce soit elle ou bien toi
Les uns et les autres, ou même moi
Nous avons tous pleuré
Au moins une fois
Pour un coup dur de la vie
Une jalousie, un faux pas
Il arrive parfois que ton moral se casse
Pour ça, moi j'ai trouvé un remède efficace
{Refrain:}
La positive attitude
La positive attitude
La tête haute
Les yeux rivés sur le temps
Et j'apprends, à regarder droit devant
La positive attitude...
De rien !
Et pour ceux qui écrivent, dans quels pièges il vous arrive de tomber ?
Lu, vu, entendu
Chaque semaine, je vous fais un petit récapitulatif de ce qui m’a interpellée ou que j’ai trouvé intéressant. Je vous donne aussi ma liste de lecture, qui n’est pas uniquement composée de polars.
Podcasts
Encore une fois, un épisode très utile, où on parle des différentes manières de commencer un roman. Par de l’action, du dialogue, de la description ? On parle aussi du procédé du flashforward, qui consiste à commencer par une scène choc qu’on va retrouver plus tard dans le livre, généralement vers la fin. Procédé qui m’intéresse particulièrement puisque c’est celui que j’ai choisi pour le début de mon premier tome.
Alors c’est moins pour l’interview elle-même que pour l’introduction que je mentionne cet épisode (honnêtement, le gloubi-boulga pseudo-psychologique de l’ennéagramme, ça ne m’intéresse pas plus que ça - cela dit grâce à un test gratuit sur Internet j’ai appris que je suis du type 5 🤓).
Bon, il est un poil déprimé notre ami James Blatch avec cette histoire d’intelligence artificielle. Il aurait dû mettre resignation au lieu de acceptance dans son titre. En même temps, il y a de quoi quand on voit le raz-de-marée qu’on se prend tous en pleine face.
Mais say no more, on n’aurait pas un épisode sur l’intelligence artificielle qui arrive la semaine prochaine pour en parler ?
Livres & livres audio
Une nouvelle lecture pour le challenge de mars des Louves du Polar, et c’est encore une bonne pioche !
Victor Caranne est psychologue à la prison de l’île de Ré. Suite à la découverte d’un corps sur la plage, il est personnellement mêlé à l’enquête.
Il s’agit ici du premier volume de la série Victor Caranne. Pas de temps mort, des dialogues très bien faits et des personnages attachants, on passe un bon moment.
Sur tes traces, Harlan Coben (audio)
J’ai toujours un Harlan Coben ou deux dans ma PAL audio.
Pour ce qui est de la qualité de lecture, on ne risque pas trop de se tromper, il fait partie des meilleures ventes alors les lecteurs choisis sont toujours parfaits. C’est encore le cas pour Sur tes traces, lu par Sylvain Agaësse, qui est une voix qu’on retrouve dans quasi toutes les séries américaines doublées en français.
C’est l’histoire d’un père accusé de la mort de son fils. Sauf qu’en prison, on lui montre une photo de son enfant, qui semble bien vivant. Ni une ni deux, il s’évade et part à sa recherche.
Quand je l’ai commencé, j’ai trouvé que l’intrigue se traînait un peu. Et puis arrivée à la moitié du livre, je me suis demandé quand est-ce que ça allait bouger. Au deux tiers je me suis dit que ça allait finir par arriver, et puis j’ai vu venir la fin de très loin. Pour un maître du rebondissement final, je suis forcément un peu déçue.
Mör, Johana Gustawsson (audio)
Après Block 46 la semaine dernière, il fallait absolument que je continue les enquêtes d’Emily Roy et Alexis Castells. Et comme il me restait un crédit audio, j’ai trouvé ma lecture du weekend.
Et vous, qu’avez-vous lu ces derniers jours ?
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la semaine prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂
Félicitation pour ces 10 éditions de ta newsletter, c'est un premier cap à fêter 👏 Il faut que je pense à fêter la durée de la mienne d'ailleurs 🤔
J'ai retrouvé dans tout ce que tu listes les problèmes engendrés par recherche d'une méthode ou le freestyle. Et pour ma part, je n'ai toujours pas trouvé ce qui me convenait mais aussi parce que par soucis d'économie de temps j'évite de me lancer dans des trucs que je ne maitrise pas, sauf que ça ne m'aide pas à trouver ma méthode x)