La traversée du désert de ce début d'année
#41 - Les lettres de refus ; le dilemme de l'envoi aux maisons d'édition plus petites
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, en 2024 j’ai pu me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
On est désormais en 2025, où en est mon projet ?
Je vous donne rendez-vous tous les quinze jours pour vous raconter les péripéties de mon manuscrit, de l’écriture à la publication.
Et vous allez voir, il faut avoir le cœur accroché 😂
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Merci à vous, qui suivez mes aventures chaque semaine 🙂 et bonjour aux nouveaux venus !
Aucun respect dans le programme avec cette newsletter qui paraît en retard, et un dimanche 😂 mais cela faisait longtemps que je n’avais pas donné de nouvelles.
Et autant le dire tout de suite, c’est pas foufou.
Mais je voulais néanmoins parler de certaines choses avec vous, alors c’est parti.
Quand le doute s’installe
Avec le temps que me prend mon nouveau travail, je commence à m’inquiéter.
Je savais que les 3 premiers mois seraient éprouvants, mais comme d’habitude, tant qu’on l’a pas vécu, on ne se rend pas vraiment compte.
D’autant plus qu’en plus de devoir apprendre plein de nouvelles choses, j’ai eu énormément de déplacements (et ça va être comme ça jusqu’en juin), nous avons dû dire au revoir à notre petit chat 😔 et j’ai été malade pendant 3 bonnes semaines.
Alors autant vous dire que tout ce qui concerne l’écriture (et cette newsletter) est passé à la trappe.
Heureusement que mon livre est en correction ! Au moins, il y a quelqu’un qui bosse dans cette histoire (merci à ma correctrice !) 😂
Les lettres de refus
Je voulais surtout partager avec vous ma nouvelle expérience personnelle.
Grâce à elle, je vous apprends à lire entre les lignes des lettres de refus types 🤣
Peut-être qu’un jour on pourra analyser une lettre de refus personnalisée, là on pourra se dire qu’on a franchi une étape.
Savoir de quelle maison d’édition il s’agit importe peu, mais en général, plus elle est grosse et moins les gens ont le temps de répondre individuellement, ce qui est bien normal (souvenez-vous, la dernière fois je vous ai montré un accusé de réception qui disait que la ME recevait plus de 500 manuscrits par mois, imaginez le boulot).
Les lettres types
Exemple 1 :
Bonjour,
Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt le manuscrit XXXXX, que vous avez eu l’amabilité de nous confier. Malheureusement, votre texte, en dépit de sa qualité, ne correspond pas à la ligne éditoriale actuelle de notre maison ; nous sommes donc au regret de ne pouvoir en envisager la publication pour l’heure.
Si vous souhaitez avancer dans votre projet et avoir des retours sur votre manuscrit, nous vous recommandons Librinova, agence spécialisée dans l'accompagnement d'auteurs et la publication en auto-édition. Si vous vous recommandez de nous en renseignant le code XXXX, vous bénéficierez du service de suivi quotidien des ventes gratuitement en cas de publication.
Vous souhaitant tout le succès possible dans vos projets de publication,
Bien cordialement,
Exemple 2 :
Bonjour,
Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt le manuscrit XXXXX, que vous avez eu l’amabilité de nous confier. Malheureusement, en dépit de ses qualités, nous sommes au regret de ne pouvoir en envisager la publication.
Notre maison publie très peu de livres chaque année afin de se consacrer pleinement à les promouvoir auprès du grand public. Le choix est donc très restreint.
Nous espérons néanmoins que votre texte saura intéresser un autre éditeur. Nous tenons également à vous signaler qu’il existe des solutions alternatives de publication, comme l’autoédition. Si vous choisissez de publier votre livre via Librinova, vous pourrez notamment bénéficier de services supplémentaires grâce au code XXXX.
Vous souhaitant tout le succès possible dans vos projets de publication,
Bien cordialement,L’équipe éditoriale des éditions XXX
Merci de ne pas répondre à ce mail.
Note : j’ai effacé les codes promo vu que le nom de la ME apparaît dedans.
À quoi voit-on qu’il s’agit de lettres types ?
Alors, on aimerait bien qu’il s’agisse de vrais messages (“nous avons lu avec beaucoup d’intérêt”, “votre texte, en dépit de sa qualité”, on nous met le nom de notre manuscrit), mais malheureusement, on a plusieurs indices plus ou moins évidents qui nous prouvent le contraire :
le fait qu’on a quasiment les mêmes phrases dans les 2 cas,
on nous dit que le texte ne correspond pas à la ligne éditoriale alors que justement, si j’ai choisi cette ME, c’est parce qu’il me semblait que j’étais pile dedans 🤔
Merci de ne pas répondre à ce mail, qui signifie qu’il s’agit probablement d’un envoi automatique,
la mention de Librinova.
C’est quoi cette histoire avec Librinova ?
Librinova, c’est à la fois une plateforme d’auto-édition, mais aussi tout un semble de services pour les auteurs, qu’ils veulent être édités ou auto-édités, mais aussi pour les éditeurs.
Ils ont aussi plusieurs concours de romans/nouvelles par an qui sont très courus et réputés.
C’est une entreprise tout à fait sérieuse et professionnelle qui aide énormément d’auteurs chaque année.
Mais alors, pourquoi est-ce que je vois de la pub pour eux dans mes lettres de refus ?
Quand on soumet un manuscrit, on peut le faire de plusieurs manières : envoi papier, par email, ou bien via un formulaire, qui est souvent le même, quelle que soit la maison d’édition.
Par exemple, quand j’ai soumis mon texte, j’ai rencontré un formulaire similaire (les champs étaient strictement identiques, mais la mise en page était parfois légèrement différente) à de très nombreuses reprises. Le plus souvent, sauf pour un ou deux, le nom de Librinova n’apparaît pas (ceux qui ont oublié de personnaliser leur URL 😂).
Donc, si je vois ce code promo régulièrement, c’est tout simplement parce que la maison d’édition a souscrit à ce service, qui est quand même bien pratique pour trier les envois. Et je suppose que l’une des conditions d’utilisation est de donner un code promo à tous ceux qui sont recalés.
Mystère résolu !
Après, on peut débattre de l’intérêt et de la pertinence de ce type de publicité.
La plupart du temps, si les auteurs ont envoyé leur manuscrit à une maison d’édition, c’est bien parce qu’ils n’ont pas envie de tout faire eux-mêmes (même si j’avoue que je ne suis pas le bon exemple étant donné que l’auto-édition est en réalité mon premier choix - si vous avez suivi toute l’histoire 😂).
Pourquoi ne faut-il pas prendre une lettre type personnellement ?
Je vois un peu partout sur Internet et les réseaux des gens qui se plaignent de :
ne pas avoir de réponse, jamais (même pas d’accusé de réception),
avoir une réponse négative trop rapidement,
avoir une réponse au bout de plus de 6 mois,
ne pas savoir si notre manuscrit a été jusqu’en comité de lecture,
avoir une réponse automatique/ne pas avoir un humain qui répond,
être prévenu que l'absence de réponse est en fait une réponse,
ne pas pouvoir demander pourquoi notre manuscrit a été refusé,
et certainement d’autres choses encore.
Oui, c’est frustrant, mais c’est le jeu.
On le sait que ça va se passer comme cela, tout le monde sur terre nous a prévenus.
Certes, cela ne fait jamais plaisir de se prendre un refus, encore plus quand c’est une lettre type et qu’on a passé une mauvaise journée, mais au moins c’est une réponse.
Il y a tellement de gens qui envoient leurs manuscrits. Pendant le Covid tout le monde a eu le temps d’écrire, et après on s’est tous dit qu’il fallait absolument réaliser son rêve avant la prochaine catastrophe… Bref, comme on dit, tout le monde veut être écrivain.
Et les raisons de refus, même dans les lettres types, sont souvent réelles et valables (bon ok, sauf le coup de la ligne éditoriale que je n’aurais pas respectée, mais peut-être qu’ils ont dit ça par politesse et qu’ils ont trouvé le manuscrit atroce 😅) :
“Notre maison publie très peu de livres chaque année afin de se consacrer pleinement à les promouvoir auprès du grand public. Le choix est donc très restreint.”
Ils ont peut-être déjà prévu leur calendrier éditorial pour l’année (même si on n’est qu’en février) et il n’y a plus de place pour de nouveaux auteurs.
Ils préfèrent favoriser les auteurs qu’ils ont déjà pour des raisons économiques (et on connaît tous la situation actuelle).
Bon et aussi, peut-être qu’ils n’aiment pas notre roman, tout simplement. Il faut l’accepter.
Mon manuscrit poursuit son voyage
Comme on peut le voir, quelle que soit la raison du refus (que je ne connaîtrai jamais), je ne me laisse pas abattre, et pire, j’ai continué à envoyer mon manuscrit à d’autres ME.
Les nouveaux envois :
Éditions Denoël
Oui, encore une grande maison et une probabilité de 99 % d’envoyer son manuscrit dans le vide, mais la soumission est très simple : on envoie une lettre d’intention, un extrait ou synopsis qu’on juge utile et le manuscrit complet, le tout dans un même fichier DOC ou PDF par email (donc pas via le fameux formulaire sponsorisé par Librinova), donc pourquoi s’en priver ?
Ils précisent sur leur site que si on ne reçoit pas de réponse sous 3 mois, c’est que le manuscrit n’a pas été retenu. Ok, c’est suffisamment court comme délai, je peux attendre.
Éditions Taurnada
Là, il faut que je vous explique le contexte.
J’étais (encore) en train de me plaindre sur Instagram de mon deuxième refus (entre parenthèses, ce type de post marche très bien niveau audience, je recommande 🤣), quand j’ai eu un message d’une autrice que je suis depuis un moment (je ne dis pas qui c’est parce que c’était un message privé). Elle m’a conseillé d’envoyer mon manuscrit à sa maison d’édition, comme les soumissions sont actuellement ouvertes.
J’avais mis Taurnada dans ma liste de départ (juste après HarperCollins) comme ils sont spécialisés dans le polar/thriller, mais dans mon délire total d’il y a quelques semaines, j’annonçais qu’en gros, soit mon livre était publié dans une “grande” maison d’édition, soit je gérais tout moi-même.
J’étais partie dans un vortex à regarder toutes les maisons qui publient du polar et il y en a vraiment beaucoup. Certaines m’ont fait flipper quand j’ai fait des recherches (le spectre de récupérer ses droits quand la ME fait faillite), et je me suis dit qu’avec les gros éditeurs, au moins, je ne prenais pas de risque.
Facile à dire, d’autant plus qu’à l’époque, je n’avais pas commencé mon nouveau travail et que je pensais avoir tout le temps de la terre pour mon projet d’auto-édition.
Bon, on a vu que ce point de vue a bien changé, mais je n’en suis pas au point non plus d’envoyer mon manuscrit n’importe où.
Quels sont les indicateurs à regarder pour les maisons d’édition plus petites
On parle bien entendu maison d’édition à compte d’éditeur : l’auteur n’a rien à avancer. Il ne s’agit donc pas d’acheter quoi que ce soit (sinon c’est une maison d’édition à compte d’auteur), ni de participer aux frais d’impression, de correction, de marketing, ou de je ne sais quoi (j’ai parlé de l’édition à compte d’auteur ici).
Attention, comme le terme “participatif” à le vent en poupe, certaines maisons d’édition le mettent à toutes les sauces alors que c’est du compte d’auteur pur et dur (on vous voit les Éditions Hello et les autres !).
Ensuite, tous les critères que j’ai énumérés pour les maisons d’édition plus grandes sont bien sûr valables ici, à savoir :
vérifier que notre manuscrit entre bien dans la ligne éditoriale de la maison d’édition (dans mon cas : polar/série),
regarder s’ils publient des auteurs français^^ (et oui, ce n’est pas systématique, de nombreuses maisons d’édition ne font que de la traduction),
regarder s’ils publient des primoauteurs,
et bien sûr, s’assurer que les soumissions de manuscrits sont ouvertes.
J’ai simplement ajouté quelques points de vigilance supplémentaires quand on décide d’envoyer son manuscrit à des ME plus petites ou confidentielles, parce qu’on peut être surpris.
1. La longévité
Depuis quand est-ce que la maison d’édition existe ?
Comme je l’avais dit la dernière fois, allez faire un petit tour sur Pappers ou Société.com pour avoir un aperçu de la santé financière de l’entreprise, quand l’information est disponible.
En gros, si vous voyez un résultat net négatif énorme, ce n’est jamais très bon signe.
2. Est-ce qu’ils ont un distributeur et un diffuseur ?
Plus que le premier point, pour moi, c’est le point essentiel. En fait, j’aurais dû le mettre en numéro 1.
Sans diffuseur et distributeur, pas de présence en librairie.
Pour la majorité des auteurs, si on veut être publié par une maison d’édition, c’est parce qu’on veut avoir son livre disponible dans les librairies.
C’est encore le gros point noir de l’auto-édition en France : c’est difficile d’avoir ses livres sur les rayons.
Cela dit, ce n’est pas impossible, il existe des plateformes d’impression à la demande (cf. BooksOnDemand) qui permettent d’apparaître dans les catalogues des libraires. Elles ont des partenariats avec ce qu’on appelle des distributeurs.
Mais c’est encore tout un processus à gérer, et cela ne marche qu’avec les libraires qui sont ouverts à l’auto-édition. Parce que ce n’est pas parce qu’on est dans le catalogue que les exemplaires vont apparaître par miracle en libraire. Ça, c’est le rôle du diffuseur, et ce type de plateforme n’en a, sauf erreur de ma part, jamais.
Cela signifie qu’il reste un gros travail de communication à faire soi-même auprès des libraires pour qu’ils acceptent de commander quelques livres.
Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Pour qu’une maison d’édition puisse envoyer ses livres aux libraires, elle doit passer par un diffuseur et un distributeur. Ce n’est pas négociable, c’est comme cela que la chaîne du livre fonctionne chez nous.
Le diffuseur est le commercial qui va présenter les livres des maisons d’édition aux libraires, mettre en avant les nouveautés, les promos, etc. Ce sont eux qui vont déclencher le nombre d’exemplaires à commander et à imprimer.
Puis vient le distributeur, qui gère la logistique : le stockage, l’envoi des livres et les retours.
Or, certaines maisons d’édition, notamment les plus récentes, n’ont ni diffuseur ni distributeur. Et souvent, il s’agit de maisons d’édition qui ne fonctionnent qu’en numérique, cf. le point suivant.
Si on veut avoir son livre papier en librairie, il faut regarder le site internet de la maison d’édition : quand elles en ont, les noms du diffuseur et du distributeur sont toujours indiqués. Certaines sociétés, les plus grosses, assurent les deux fonctions (Sodis, MDS, Hachette1, Interform, Dilisco… souvent, ce sont des filiales de très gros groupes d’édition).
3. Est-ce que le livre est disponible en version papier ou uniquement en version électronique ?
Je mentionne ce point parce qu’il est essentiel pour moi, mais il ne l’est pas forcément pour tout le monde.
Certaines maisons d’édition se concentrent sur la diffusion en numérique, et n’offrent pas la possibilité de commander ses livres en version papier. Il font donc bien penser à vérifier ce point avant d’envoyer son manuscrit.
Une fois qu’on a vu tout ça, à nous de décider si on envoie notre manuscrit ou pas !
J’espère que ce petit retour d’expérience vous aura été utile 🙂 je retourne dans ma grotte pour les deux prochaines semaines. Normalement, je devrais revenir avec un sujet sur la publicité payante, ou avec un peu de chance, les premiers retours de ma correctrice 🤞
À bientôt !
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂
Attention avec Hachette, qui distingue bien ses filiales diffusion et distribution. Nos amis les éditeurs à compte d’auteur aiment bien jouer sur les mots en disant qu’ils sont partenaires Hachette, mais ils sont uniquement partenaires de la filiale distribution.
J’ignorais ce lien commercial (pas très éthique à mon avis) avec Librinova. C’est clairement très moyen comme procédé.
Et le message sous entendu est en effet des plus déplaisants (« ne vous cassez pas la tête avec les maisons d’édition classiques, essayez plutôt l’auto-édition). Ça sent un peu le mépris quand même ..
Bon courage pour cette attente de réponse. C’est super frustrant mais tu te donnes toutes les cartes pour réussir c’est remarquable !
J’ai l’impression que le métier d’auteur, c’est aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme 😅 Les refus et absences de réponses sont toujours frustrants, mais il faut garder en tête qu’il suffit d’un seul oui pour tout changer ! Courage pour les semaines qui arrivent, ne te force pas à tout mener de front si tu sens que c’est très prenant côté professionnel - il faut aussi savoir s’accorder des pauses !