Il est là ! Le retour de la correction éditoriale
#42 - Une étape absolument cruciale pour l'auto-édition ; des nouvelles de mon manuscrit
Bienvenue dans la newsletter Profession écrivain
Qui suis-je ?
Pour ceux qui n’ont pas lu la section à propos sur le site, EY Tell est le pseudo que j’ai choisi pour lancer ma première série policière.
Grâce à une opportunité qui n’arrive qu’une fois dans la vie, en 2024 j’ai pu me consacrer entièrement à l’écriture. Un an, c’est à la fois très long et très court.
On est désormais en 2025, où en est mon projet ?
Je vous donne rendez-vous tous les quinze jours pour vous raconter les péripéties de mon manuscrit, de l’écriture à la publication.
Et vous allez voir, il faut avoir le cœur accroché 😂
Où est-ce qu’on peut me trouver ?
En parallèle de cette newsletter, j’ai commencé un blog et des réseaux sociaux avec mon compte d’auteur il y a peu, n’hésitez pas à venir y faire un tour !
Mon blog : où je parle des romans policiers des autres en attendant de parler du mien (procrastination niveau 1)
Instagram : où j’essaie d’être influenceuse Bookstagram en attendant d’être une autrice publiée (procrastination niveau 2)
Threads : où je partage des liens et des infos en rapport avec l’écriture (procrastination niveau expert)
Merci à vous, qui suivez mes aventures 🙂 et bonjour aux nouveaux venus !
De retour après une longue absence à naviguer entre Paris et chez moi (qui est loin de Paris), un salon professionnel, des tâches administratives sans fin et l’apprentissage de plein de nouvelles choses à marche plus ou moins forcée…
Bref, c’est encore loin d’être fini, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici, c’est quand même :
Est-ce que j’ai eu d’autres réponses de maisons d’édition ?
Est-ce que j’ai enfin reçu la correction éditoriale de mon texte, vu que j’avais prévu d’en parler il y a 10 jours (ou plus) 😬 ?
Des nouvelles de mon manuscrit
Alors, ça va être vite fait, et un tableau Excel vaut mieux qu’un long discours :
Bon ben voilà, pas grand-chose d’autre à ajouter, j’attends encore quelques réponses, mais comme certains m’avaient dit que si je n’avais pas de nouvelles sous 3 mois, c’est que le texte n’était pas retenu, je pense qu’on va pouvoir se diriger gentiment vers l’auto-édition.
Ce qui tombe bien, vu que j’ai reçu le retour de ma correction éditoriale le 10 mars, et j’ai déjà bien travaillé dessus 😃
La correction éditoriale, une étape indispensable de l’auto-édition
Quand on pense qu’on a terminé, c’est qu’on n’a pas fini !
Les correcteurs aux auteurs
Alpha, bêta-lecture, correction grammaticale et orthographique, correction éditoriale, relecture, quelles différences ?
Commençons par le début, parce qu’il faut déjà essayer de s’y retrouver dans les étapes de relecture/correction d’un roman.
L’alpha-lecture
C’est quand on fait lire un manuscrit en cours de rédaction, afin d’obtenir les premières impressions de lecteurs. Cela permet de savoir si l’intrigue va dans la bonne direction. À ce stade, on ne regarde pas la forme du texte, on se concentre sur le fond.
Je n’ai pas eu d’alpha-lecteurs pour relire mon manuscrit en cours d’écriture, parce que l’intrigue a beaucoup bougé et je ne suis pas à l’aise avec le fait de montrer un work in progress (et je n’écris pas les chapitres dans l’ordre).
La bêta-lecture
Le premier jet est terminé, et il a été relu plusieurs fois par l’auteur. Il est maintenant temps de le montrer à d’autres personnes et de recueillir les premiers retours sur le fond ET la forme.
J’ai parlé de la bêta-lecture plus en détails dans ces deux newsletters :
La correction “simple”
Il s’agit d’une correction sur la forme uniquement (grammaire et orthographe).
La correction éditoriale
Là, on est sur le plus haut niveau de correction : fond et forme.
Elle intervient après les corrections effectuées après la bêta-lecture et comprends plusieurs allers-retours sur le texte. Elle est en général effectuée par un professionnel.
La relecture
Si le texte a énormément évolué après l’intégration des suggestions de la correction éditoriale, il peut être nécessaire de partir sur une relecture complète supplémentaire.
Et les correcteurs orthographiques dans tout ça ?
J’ai envie de dire que c’est le niveau zéro de la correction, c’est juste la base d’en utiliser un.
Si les correcteurs (j’utilise Antidote) sont très efficaces pour les erreurs typographiques et les problèmes évidents de grammaire et d’orthographe, ils proposent aussi des outils plus poussés pour mettre en évidence les répétitions et plein d’autres trucs.
Sauf qu’ils marchent très mal sur les longs textes. En tout cas, avec Google Docs, le connecteur Antidote n’est pas encore au point. À un moment je pouvais faire une correction chapitre par chapitre, ou par sélection de texte, mais je ne sais pas ce qu’ils ont foutu, je n’arrive plus à le faire. À chaque fois que je veux faire un truc, le logiciel lance un traitement sur tout le document, et comme c’est un très long document, ça plante. Très pénible.
Choisir son correcteur/sa correctrice
Dans le cadre de la formation d’écriture Licares, on a eu des cours avec une correctrice professionnelle qui travaille à la fois avec des maisons d’édition et des auteurs indépendants, Caroline Minic.
Elle a une grande expérience et ses références rassurent tout de suite. On sait qu’avec elle, notre manuscrit sera dans de bonnes mains.
J’ai eu de la chance, elle avait une disponibilité pile au moment où j’en avais besoin ! Mais je m’y suis prise un peu à l’avance, je l’ai contactée en octobre pour un envoi de manuscrit fin janvier et un premier retour de correction mi-mars.
Comme on peut le voir, il faut un minimum d’organisation. Quand on s’engage pour un envoi de manuscrit, il faut être sûr de tenir le délai ! Heureusement, comme j’ai commencé mon nouveau travail début janvier, j’avais prévu de terminer mes corrections fin décembre. Par miracle (et en terminant le 31 janvier à 18h…), j’ai réussi à finir dans les temps.
Vous pouvez voir les références et les tarifs de Caroline sur son site internet.1
Les retours sur mon manuscrit
Dès que j’ai reçu le mail de Caroline, je me suis précipitée pour le lire, et plusieurs fois, parce que c’était très dense. Je vous donne ici une petite partie de ces retours, ceux qui ne contiennent pas de spoilers évidemment 😁
Sur le fond
Les points positifs
La narration que tu as choisie, entre focalisation interne et focalisation omnisciente, te permet de planter le décor de ton policier efficacement. Nous sommes au cœur même de l’enquête. Le récit au présent nous permet de nous sentir proches des protagonistes-narrateurs ainsi que de véritablement nous propulser dans une course poursuite contre le temps. Le style aéré, la plume directe offrent une lecture efficace et agréable : on ne perd pas de temps, on va à l’essentiel. L’histoire se déroule dans un microcosme (entre les deux rives du Mississippi) minutieusement décrit, que ce soit pour les paysages, les modes de vie et les mentalités. On pourrait même dire que l’on a une personnification du Mississippi qui devient témoin de la vie, de la mort parmi ceux qui peuplent ses rives. Le monde policier est également bien implanté.
Le découpage de ton histoire fonctionne bien. Les quatre grandes parties sont équilibrées. L’intrigue principale, ainsi que les sous-intrigues se mêlent parfaitement et permettent de donner vie et consistance à tes narrateurs. La boucle finale avec ce pauvre Joe est très efficace : il annonce l’ouverture de l’enquête, le début de la panique dans le comté et il permet la clôture de la psychose.
L’ambiance du récit est également bien rendue. On a véritablement la sensation d’évoluer en vase clos. On sent la pression sur les épaules des enquêteurs, ainsi que la menace grandir. Au-delà de l’enquête, tu abordes de nombreux faits de société (la situation des clandestins, l’abandon de ceux qui sont dans le besoin, etc.) et décris les mentalités, qui intéressent le lecteur.
Pour résumer : c’est un bon policier. Les personnages sont convaincants et tiennent leur rôle, l’enquête est bien menée, les indices sont intéressants et la traque prenante.
🥹
Les points à retravailler
Si, dans l’ensemble, la trame narrative tient bien la route, par moments, il y a des « effets de surprise » qui ne fonctionnent pas. Tu essaies parfois de jouer la carte de la surprise pour créer un effet fort dans ta narration, cependant, cet effet tombe comme un cheveu sur la soupe, car tu prends ton lecteur en « traitre ». C’est-à-dire que tu lui annonces une vérité que ton protagoniste/narrateur était supposé connaître, mais qu’il a tue jusque-là, même si le sujet a été ouvertement abordé (dans une focalisation interne). De fait, ça ne fonctionne pas et ça crée une dissonance.
Après, comme il y a pas mal d’infos sur l’intrigue elle-même, je vais résumer les autres améliorations à apporter :
préciser un élément déclencheur ;
faire apparaître un certain personnage plus tôt dans le récit ;
retravailler une sous-intrigue d’un personnage secondaire qui n’est pas claire ;
donner plus de profondeur à un autre personnage secondaire qui est un peu “plat.”
😅
Sur la forme
Pour ceux qui s’en souviennent, je vous ai dit que dans une autre vie, j’ai été (brièvement) professeur de Lettres Classiques. Avec un master, un CAPES, et pas mal d’écriture sous toutes ses formes tous les jours dans mon boulot, on peut dire que je ne pense pas avoir un niveau de français trop mauvais. D’autant plus que j’utilise un correcteur orthographique et que j’essaie de faire attention.
Grâce à Caroline, j’ai appris que :
j’ai un gros souci de ponctuation, notamment avec les virgules ;
je ne sais pas mettre en forme un dialogue 😅 (grosses confusions dans l’utilisation de l’italique) ;
je mélange pas mal les graphies des mots concernés par la réforme de l’orthographe (un coup j’écris de manière “traditionnelle”, un autre j’utilise l’orthographe “moderne”) ;
j’ai parfois du mal avec la concordance des temps (ce que mes bêta-lecteurs avaient déjà relevé) ;
j’étais très loin d’avoir vu toutes les répétitions dans mon texte ;
et donc, il va falloir apprendre à utiliser des synonymes de “dire” !
L’intégration des corrections
Comme on travaille avec un système de documents Word avec commentaires, il est très facile de voir les corrections proposées et de les intégrer.
Ce qui est plus long, c’est bien sûr les suggestions sur le fond, les incohérences ici et là, et les passages à expliciter/développer.
Mais avec tous ces conseils, la balle est maintenant dans mon camp !
Mon retour d’expérience
Alors, la correction éditoriale, est-ce qu’on peut s’en passer ?
Vu tout ce que je viens de dire, ça paraît plutôt évident :
Si on veut se lancer dans l’auto-édition, il est absolument indispensable de passer par l’étape de la correction éditoriale réalisée par un professionnel.
Alors oui, c’est cher, mais il faut absolument prendre en compte cette dépense quand on budgétise son projet. Un écrivain auto-édité est, certes, un écrivain, mais aussi un entrepreneur.
Pour ceux qui cherchent à se faire éditer de manière traditionnelle, bien sûr que les maisons d’édition ont leurs propres correcteurs et ne demandent pas d’argent pour corriger votre manuscrit (sinon ce n’est pas une maison d’édition à compte d’éditeur, mais à compte d’auteur, j’en ai déjà parlé ici et en note là).
Mais peut-être sans aller jusqu’à une correction éditoriale si on n’a pas les moyens, plusieurs bêta-lectures et une bonne correction grammaticale et orthographique, c’est le minimum pour mettre toutes les chances de son côté.
La question à un million que vous attendez tous
Est-ce que je regrette de ne pas avoir attendu d’avoir intégré les retours de la correction éditoriale avant d’envoyer mon manuscrit à des maisons d’édition ?
😅 😬 🥲
Alors… oui. Et non.
🤓
Oui, je regrette
D’un point de vue logique, c’est clair qu’envoyer un manuscrit le plus abouti possible, ben c’est mieux.
Non, je ne regrette rien
Pour ma santé mentale, je refuse de me dire que je me suis trompée 😅
Nan, pas tout à fait quand même.
Au vu des réponses très rapides que j’ai eues de la part de certaines maisons d’édition, je pense que même bien retravaillé, mon manuscrit n’aurait pas été sélectionné quand même. N’oublions pas qu’il s’agit d’un premier roman écrit par une inconnue, alors quand le calendrier éditorial est déjà plein, les maisons d’édition ne vont pas prendre de risque.
Et puis même avec une bonne correction éditoriale, peut-être que l’histoire ne plaît tout simplement pas ?
Ce n’est pas parce qu’on a fait de notre mieux avec la meilleure aide du monde qu’on est sûr d’être publié, c’est malheureusement le jeu.
Est-ce que je ferai comme ça la prochaine fois (envoyer un manuscrit à des maisons d’édition avant l’étape de la correction éditoriale) ?
Pour la suite de ma série, non.
Je ferai évidemment corriger mon manuscrit (et j’espère avec la même correctrice 🤞), mais à ce stade, je ne l’enverrai pas à des maisons d’édition.
Comme il y a 99% de chance que le premier tome sorte en auto-édition, cela semble très contre-productif de publier la suite différemment.
Déjà, je n’ai jamais vu le cas où, dans une série, le tome 1 sort en auto-édition et le tome 2 est publié par une maison d’édition (d’un point de vue commercial, c’est quand même hyper bancal). Mais OK, imaginons un tel scénario :
La différence de format/couverture va faire moche 🤣
Non en fait, au-delà de l’aspect esthétique, une série avec des tomes à l’univers visuel totalement différent, ça apporte de la confusion pour les lecteurs, qui risquent de se demander si c’est bien le même auteur dans les deux cas.
Cela risque d’allonger le délai de sortie entre les tomes 1 et 2, au risque de perdre tout le lectorat.
Alors bien sûr, dans un monde idéal, une maison d’édition pourrait reprendre le tome 1 et le rééditer, mais franchement, quelles sont les chances pour que cela arrive ?
Mais dans le cas d’un roman one-shot/standalone (un roman unique quoi), et si j’ai les moyens, je pense que je le ferai. Parce que le résultat vaut vraiment la peine.
Ce week-end a lieu LE salon du polar en France, les Quais du Polar à Lyon, et aussi un séminaire sur deux jours organisé par Licares, l’école d’écriture que j’ai suivie l’an passé.
Autant vous dire que je n’y suis pas et que le FOMO est au max.
Mais ce n’est que partie remise, je vais bien finir par y aller un jour !
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal) !
Je vous souhaite de bonnes lectures, d’avoir le temps d’écrire, et je vous dis à la prochaine !
N’hésitez pas à partager ce post si le cœur vous en dit 🙂
Je précise que je n’ai bien entendu pas été payée ou rétribuée de quelque manière que ce soit pour donner mon avis et que j’ai demander l’autorisation de citer son nom et son travail.
Team psychopathe aussi pour le tableau Excel 🙋♀️
Passionnant comme toujours. Merci pour ce retour super clair sur la nécessité d'une correction éditoriale en auto-édition. Et bon vent à ton roman que j'ai hâte de lire !